Le groupe nucléaire français Areva voit s'envoler le contrat portant sur la fourniture de quatre réacteurs nucléaires de troisième génération à la Chine, au profit de l'américain Westinghouse, qui semble prêt à livrer ses plans et à proposer une offre plus adaptée.
"Le comité chargé de l'évaluation des offres a décidé d'ouvrir des négociations exclusives avec Westinghouse depuis la fin du mois de février", a indiqué une source proche du dossier.
Mais "l'affaire ne sera réellement perdue" que lorsque ce comité "aura officiellement choisi Westinghouse", avait expliqué mercredi une autre source proche du dossier.
Le groupe Areva s'est borné à indiquer mercredi que "l'appel d'offres était toujours en cours" et qu'il n'avait reçu "aucune notification officielle des autorités chinoises", après des informations de presse le donnant perdant.
Selon les Echos, Westinghouse aurait proposé de vendre ses plans pour 400 millions de dollars, assorti du versement de 15 millions de dollars de royalties par réacteur et par an. Un montant bien inférieur aux 8 milliards d'euros escomptés par Areva pour la fourniture des quatre réacteurs.
Il y a tout juste une semaine, la présidente d'Areva, Anne Lauvergeon, dont le mandat arrive à échéance en juin, s'était contentée de relever "la dimension politique croissante" du dossier à l'occasion de la publication des résultats.
La Chine marquerait ainsi sa préférence pour le réacteur AP 1000, jamais commandé, ni construit, contre l'EPR d'Areva dont la construction du premier exemplaire a débuté en Finlande.
Le fait que le réacteur de Westinghouse, groupe qui vient par ailleurs d'être racheté par le japonais Toshiba, soit un "réacteur sur papier" permettrait aux Chinois de "s'approprier la technologie" plus facilement, a indiqué la source proche du dossier.
Depuis plusieurs mois, Areva répète qu'il n'est pas prêt à tout céder en matière de transfert de technologie, et qu'il y a "des limites".
Or la Chine n'a jamais caché ses exigences en matière de transferts de technologies, dans tous les secteurs et sur ce contrat en particulier.
Début février, Areva a déposé sa septième offre - depuis le 28 février 2005 - dans laquelle il a consenti "quelques avancées en terme de compétitivité mais pas de transfert de technologie", avait indiqué la semaine dernière un porte-parole.
L'attribution du contrat doit être effectuée au cours du premier semestre 2006, mais rien n'a filtré depuis la visite en France du Premier ministre chinois en novembre.
A cette occasion, Wen Jiabao avait fait monter les enchères en appelant la France à améliorer son offre en matière de transfert de technologie.
Après l'annonce de la Chine de ne pas faire appel à la technologie étrangère pour la construction d'une ligne à grande vitesse Pékin-Shanghai, au grand dame du français Alstom, un échec d'Areva marquerait un revers pour la France.
En proposant une "coopération nucléaire globale", de l'uranium en amont au traitement des combustibles usés en aval, Areva aurait choisi "une mauvaise approche commerciale", selon la première source.
Les Chinois "sont certes intéressés par l'aval du cycle mais traitent un sujet après l'autre" et ne veulent pas céder à ce qu'ils considèrent comme du "chantage".
Le choix du candidat et de la technologie risque de déterminer l'avenir nucléaire de la Chine, qui va se doter d'une vingtaine de réacteurs d'ici 2020.
Lisa
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